Techno, Trance, House : Quand les Frontières des Genres Disparaissent

Lors de l’Amsterdam Dance Event (ADE), Armada Music a réuni un trio de choc pour une discussion passionnante : Armin van Buuren, Joris Voorn et Hannah Laing. Le sujet ? La manière dont les lignes entre trance, techno et house s’estompent pour créer une scène plus riche et unie. Une conférence qui a vite tourné à la conversation à cœur ouvert, pleine d’anecdotes et de réflexions sur l’avenir de notre musique.

Des Étiquettes Utiles, Mais Pas des Prisons

À quoi servent encore les genres musicaux ? Pour Joris Voorn, ils sont comme Google Maps : un guide pour savoir où l’on va. Armin van Buuren a complété avec une métaphore simple et efficace : au supermarché, on aime savoir où se trouve le rayon café. Les genres aident le public à s’orienter. Mais pour un artiste, ces étiquettes peuvent vite devenir une cage. Le message des trois DJs est clair, et Armin le résume parfaitement :

« Il ne faut jamais être prisonnier de son propre style. »

La créativité naît justement lorsque les barrières tombent. Cette idée a particulièrement résonné chez Hannah Laing. Représentant une nouvelle génération d’artistes, elle a confié avoir traversé une période de doute au début de sa carrière :

« Est-ce que je dois m’en tenir à un seul genre pour être prise au sérieux ? […] Non, parce que j’aime plusieurs genres, donc je veux pouvoir jouer et produire plusieurs genres. »

En mélangeant techno, trance et hard house, elle a non seulement trouvé son identité, mais aussi rassemblé une communauté qui aime cette diversité. Son succès prouve que le public est prêt pour des expériences sans frontières, où l’énergie prime sur les étiquettes. C’est le public qui lui a donné la confirmation qu’elle était sur la bonne voie :

« Quand je vois le public réagir, ça me donne la confiance que ça peut fonctionner. »

L’Évolution Artistique : Vulnérabilité et Liberté

Changer de style, c’est prendre un risque. Joris Voorn en sait quelque chose. Il a partagé avec humour l’histoire de son remix pour la Swedish House Mafia en 2012. À l’époque, un blog influent lui avait consacré une lettre ouverte, lui reprochant de s’associer à un groupe “EDM”. Loin de s’en offusquer, il en rit aujourd’hui :

« Pour être honnête, je n’en ai pas perdu le sommeil. »

Cette anecdote illustre la pression que peuvent ressentir les artistes. Armin van Buuren a rappelé que la musique est un art, et qu’il faut accepter d’être exposé à la critique. C’est ce qui rend l’aventure humaine et passionnante.

« Quand on se présente en tant qu’artiste, on est vulnérable. Quoi qu’il arrive. […] C’est un fait : il n’y a jamais eu une œuvre d’art dans le monde que 100% des êtres humains aiment. »

Il a d’ailleurs partagé une histoire savoureuse sur la naissance de son morceau Techno Trance avec Adam Beyer. Loin d’une stratégie marketing calculée, l’idée est née de l’ennui dans un aéroport.

« La vraie réponse n’est pas si romantique. J’étais coincé dans un aéroport en Colombie, mon vol était retardé, et je n’avais rien de mieux à faire. […] Je peux vous raconter une histoire super romantique sur le fait que j’essayais de ramener la techno à la trance, mais ce sont des balivernes. »

Une preuve que les meilleures collaborations naissent souvent de la spontanéité et de la passion, bien loin des plans de carrière.

Une Scène Unie et Ouverte sur l’Avenir

La conférence a mis en lumière une tendance forte : l’inspiration mutuelle. L’un des moments les plus forts est venu d’Armin van Buuren qui, après 25 ans de carrière, a confié avec une humilité désarmante :

« Plus je vieillis, plus je réalise que je n’y connais rien. »

Loin d’être un aveu de faiblesse, cette phrase révèle la clé de sa créativité. Il a expliqué que cette prise de conscience lui vient en observant les autres. En jouant cet été à l’événement de Hannah Laing, il a vu la ferveur d’un public plus jeune et a réalisé qu’elle était en train de « réinventer le jeu ». C’est en s’inspirant de cette énergie nouvelle, ou en découvrant les approches différentes de ses pairs comme Joris Voorn en studio, qu’il se libère de ce que ses années d’expérience pourraient avoir de rigide. Il l’admet lui-même : ce savoir peut parfois devenir un « straitjacket ». Cette ouverture d’esprit et cette reconnaissance mutuelle créent une dynamique incroyablement positive où tout le monde grandit.

Pour les artistes qui débutent, le message est clair et plein d’espoir. Le chemin est difficile, mais la persévérance paie. Hannah Laing a conclu avec une histoire personnelle forte : pendant des années, elle a envoyé ses productions au label de Patrick Topping, recevant refus sur refus. Plutôt que de se décourager, elle a utilisé chaque “non” pour s’améliorer.

« Ne laissez pas les “non” vous abattre, car il y en aura beaucoup en cours de route. »

C’est ce qui ressort de cette discussion : la musique électronique est avant tout une aventure humaine, faite de passion, de rencontres et d’une envie collective de vibrer ensemble. Les genres évoluent, mais l’essentiel reste : l’émotion partagée sur le dancefloor. Et si l’avenir de la fête était justement là, dans des programmations plus surprenantes et des artistes qui osent, tout simplement, suivre leur cœur ?

About Author

Prysm Radio